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henal creusé par l'eau dans la glace de la langue terminale du glacier de Rhèmes-Golette
Chenal creusé par l'eau dans la glace de la langue terminale du glacier de Rhèmes-Golette (Vanoise), par où s'est vidangé partiellement le lac au pied du glacier en août 2020 © C. Gotti - Parc national de la Vanoise
Lever du soleil sur les Ecrins et le glacier Blanc - Pelvoux
Lever du soleil sur les Ecrins et le glacier Blanc © M. Coulon - Parc national des Ecrins
Vue sur le Massif du Marboré, Mont Pezrdu et Astazou depuis le glacier de la Brèche de Roland
Vue sur le Massif du Marboré, Mont Pezrdu et Astazou depuis le glacier de la Brèche de Roland © J. Vignasse - Parc national des Pyrénées
Vue sur un glacier rocheux au pied de l'Aiguille des Corneillets
Vue sur un glacier rocheux au pied de l'Aiguille des Corneillets © Parc national de la Vanoise
Les systèmes glaciaires et périglaciaires ont une place particulière dans nos sociétés car ils sont porteurs d’imaginaires forts liés à la montagne. Ils sont aussi une ressource pour les sociétés humaines (eau, divertissement, émerveillement... ) et ils abritent une biodiversité très particulière qui doit pouvoir survivre dans des conditions extrêmes.

Le réchauffement des températures moyennes dans les Alpes du Nord depuis 1900 est de + 2°C, soit le double de la moyenne enregistrée pour l’ensemble du territoire métropolitain. Les glaciers sont des marqueurs locaux des impacts du changement climatique global. Leur sensibilité et leur réactivité aux fluctuations de températures et de précipitations en font des indicateurs privilégiés des changements globaux passés et en cours. Les Parcs nationaux de haute-montagne français (Ecrins, Vanoise, Mercantour et Pyrénées) sont impliqués dans le suivi de ces milieux et écosystèmes très marqués par le réchauffement climatique.


Les glaciers, sentinelles du réchauffement climatique


Les glaciers les plus occidentaux et méridionaux des Alpes sont en France. L’analyse des reliefs par les géomorphologues en dit long sur l’importance passée et l’étude des besoins en eau sur leur rôle essentiel aujourd’hui. Mesures des reculs de fronts glaciaires, calcul des vitesses d’écoulement, carottages et bilans de masses, toutes les données issues des protocoles de terrain sont mises à profit par les chercheurs des laboratoires de glaciologie. Les programmes de photos-constats dont les séries remontent jusqu’au début du siècle dernier construisent le film saisissant de la fin des glaciers. La question est posée et notre responsabilité collective avérée.

Massif des Ecrins

Le massif des Ecrins est un des principaux massifs français, avec la Vanoise et le Mont Blanc à héberger des glaciers. Ils peuvent êtres blancs, noirs, rocheux, suspendus, tempérés ou froids… tous les types y sont représentés. Depuis 1870, des mesures et des suivis sont effectués sur ce territoire. Depuis 1973, leur superficie a été divisée par deux dans le massif. Géants menacés, c’est sur leurs hauteurs que se jouent les conséquences du changement climatique. Le Parc national des Ecrins, en collaboration avec l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE ; UMR5001, CNRS, Université Grenoble Alpes, INRAE, IRD et Grenoble INP) effectue depuis les années 2000 un suivi important de l’évolution de ces glaciers. Un suivi photographique est effectué tous les ans ou tous les 2 ans sur une trentaine de glaciers. Ces photos permettent de suivre l’évolution du recul de ces glaciers. Ces observations sont complétées par des mesures directes du front sur sept de ces glaciers qui vont produire des mesures sur la vitesse de recul de la langue glaciaire.

Enfin trois glaciers du Parc national des Ecrins sont observés de façon plus systématique et détaillée :

  • le glacier Noir, avec des mesures topographiques du glacier qui fournissent des informations précieuses sur la vitesse de recul mais aussi sur la perte en épaisseur ;
  • le glacier rocheux du Laurichard qui est le glacier rocheux le plus étudié de France avec les travaux initiés par Bernard Francou dès les années 1980 ;
  • le glacier Blanc, le plus emblématique, sur lequel se concentre l’essentiel des partenariats avec les glaciologues. Un des suivis majeurs réalisé sur ce glacier est celui de la mesure du « bilan de masse » de ce dernier.

Massif de la Vanoise

Avec 93 km² de surface glaciaire, auxquels s'ajoutent 18 km² de glaciers rocheux, le massif de la Vanoise est le second massif français pour le nombre de glaciers (après celui des Écrins) et le second massif pour la surface englacée (après celui du Mont Blanc). Un inventaire réalisé en collaboration avec le laboratoire EDYTEM (Université Savoie Mont Blanc et CNRS) montre que depuis la fin du Petit âge de Glace (aux alentours de 1850) jusqu'à la première décennie des années 2000, les glaciers du massif de la Vanoise ont perdu 61 % de leur superficie

Dans le cœur du Parc national de la Vanoise, le glacier de Gébroulaz est étudié depuis plus d'un siècle. Comme la plupart des glaciers de la planète il est en phase de régression. Après une année 2020 presque stable, la décrue a repris et le bilan a été à nouveau très négatif en 2021. C'est ce que constate l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE ; UMR5001, CNRS, Université Grenoble Alpes, INRAE, IRD et Grenoble INP), qui suit et étudie depuis de nombreuses années le glacier de Gébroulaz avec l’appui du Parc national.

Ce suivi est assuré dans le cadre du projet GLACIOCLIM, les GLACIers, un Observatoire du CLIMat, qui est un observatoire de Recherche en Environnement de la thématique "Océan-Atmopshère" portant sur l'étude des Glaciers et du Climat. Le glacier de Gébroulaz est par ailleurs intégré dans le site de référence scientifique de la Montagne du Saut  dédié à la recherche scientifique, notamment pour documenter les effets des changements globaux sur les milieux naturels de haute montagne.

Massif des Pyrénées

Las Néous, les Oulettes de Gaube, le Petit Vignemale, Ossoue, Gabiétous et Taillon : six glaciers pyrénéens sont situés en zone cœur du Parc national des Pyrénées. Depuis 2001, accompagné financièrement par le Parc national des Pyrénées, la région Midi-Pyrénées et les départements des Hautes-Pyrénées et de Haute-Garonne, l’Association Moraine suit l’évolution de neuf glaciers des Pyrénées françaises. Au sein du Parc national, la tendance générale est conforme à celle de la chaîne pyrénéenne. La superficie totale des glaciers a diminué de 86 % depuis 1850. Cette tendance semble s’accélérer avec une diminution de moitié depuis 2000. L’englacement est récemment passé sous la barre d’1km² de superficie (0.9km² en 2016).

 

Impact global du réchauffement climatique sur les zones périglaciaires

Les glaciers ne sont pas les seuls touchés, c’est l’ensemble de la cryosphère qui réagit ! Ce terme désigne la part de l’environnement qui évolue sous l’emprise de l’eau solide (neige et glace) – donc les glaciers, emblématiques des paysages de haute montagne – ainsi que le domaine périglaciaire qui comprend le pergélisol (sol gelé en permanence) et les glaciers rocheux, aux formes spectaculaires et mouvantes.

Quand les glaciers reculent, ils libèrent de nouveaux espaces, qui vont progressivement se coloniser. Il est rare d’avoir des espaces vierges où il est possible d’observer le retour progressif de la nature et pour cela ils sont précieux. C’est pour ces raisons que les Parc nationaux des Ecrins et de la Vanoise impulsent avec de nombreux partenaires (OFB, CBNA, INRAE, CNRS…) des travaux sur la dynamique de ces zones.

Ce genre d’environnement est unique en milieu naturel. C’est une opportunité qui va permettre d’étudier le processus de recolonisation d’un terrain pratiquement stérile » s’enthousiasme Cédric Dentant, botaniste au service scientifique du Parc national des Écrins et coordonnateur des suivis engagés sur ces marges glaciaires.

(lire le reportage sur la vie dans les marges glaciaires du glacier Blanc au Parc national des Ecrins)

Que ce soit en milieux terrestres avec les marges glaciaires et leur recolonisation par la végétation et les invertébrés, ou en milieux aquatiques avec les lacs pro-glaciaires issus de la fonte des différents glaciers pour lesquels l’évolution des paramètres physico-chimique mais aussi l’émergence de la biodiversité sont suivis.

Le retrait glaciaire a conduit à la formation de nombreux lacs, une trentaine sur la Vanoise en quelques décennies. Le lac de l’Arpont  est suivi dans la cadre du réseau lacs-sentinelles. La déconnexion du lac d’avec son glacier éponyme a été le fait le plus marquant et les suivis vont permettre de voir comment ses caractéristiques physico-chimiques et biologiques vont évoluer.

Enfin, les zones périglaciaires sont aussi le lieu d’évaluation de nombreux risques naturels ou évolutions majeures liés au réchauffement climatique telle que la fonte du permafrost et les éboulements que cela engendre comme ce fut le cas par exemple dans l’effondrement spectaculaire de la Meije (Ecrins). Ou avec d’autres types de risques liés à l’évolution des lacs pro-glaciaires, comme ceux du glacier d’Arsine (Ecrins). En Vanoise, l’exemple le plus récent est celui de la commune de Tignes qui en 2023, a réalisé des travaux préventifs afin de réduire le volume du lac proglaciaire de Rosolin de 140 000 m3 à 20 000 m3, en réalisant un chenal pour abaisser de 6 mètres le niveau de l’exutoire naturel, et réduire ainsi les risques liés à une vidange brutale. La poursuite de la fonte du glacier va faire augmenter à nouveau le volume du lac et nécessitera des travaux complémentaires de sécurisation des biens et des personnes.

Dans cette dynamique de connaissance et de suivi de ces phénomènes, un collectif porté par le Pôle Alpin des Risques Naturels et en partenariat fort avec les Parcs nationaux alpins, développe un dispositif participatif intitulé « regards d’altitude ».

Les glaciers en reculant libèrent également de nombreux déchets laissés au fil des années. Aussi, des opérations de nettoyage sont réalisées régulièrement avec les différents professionnels de la montagne. Toutes ces études sont incluses dans une problématique plus large liée aux conséquences du changement climatique.

 

Evolution des activités humaines liées aux zones glaciaires et périglaciaires

Le socio-écosystème du glacier fédère de nombreux acteurs académiques, institutionnels et sociétaux. Les enjeux de connaissance autour des moteurs d’adaptation des écosystèmes et des acteurs sont nombreux. Les sociétés montagnardes s’identifient et se fédèrent autour de ces socio-écosystèmes même si elles peuvent différer sur les trajectoires d’adaptation et les transitions à mettre en œuvre?

Adaptation et transition

Initié en collaboration avec le Parc national des Ecrins, le programme Refuges sentinelles s’étend aujourd’hui aux massifs du Mont-Blanc, du Valais Suisse et au Val d’Aoste, en partenariat avec les Parcs nationaux de la Vanoise et du Mercantour. Ce dispositif permet d’observer les changements de pratiques de l’alpinisme suite aux retraits glaciaires, les stratégies d’adaptation des professionnels de la montagne (guides de haute montagne, gardiens de refuge...).

Les glaciers au service de l'archéologie

Enfin, les terrains dégagés peu à peu par la fonte massive des glaciers peuvent révéler des indices précieux, mais fragiles, de la présence humaine à travers les temps. Depuis quand l'être humain fréquente-t-il le massif de la Vanoise ? Comment se déplaçait-il et par quels cheminements ? Pour quelles raisons, quels besoins ? La recherche, la préservation et l'étude de ces vestiges ressemble également à une course contre le temps. Voir ici les découvertes du Parc national de la Vanoise.

Valorisation des glaciers

Au-delà de aléas naturels, les paysages glaciaires sont avant tout de formidables terrains de découverte et d’apprentissage qui attirent chaque année de nombreux randonneurs et alpinistes. Certaines communes du Parc national de la Vanoise, conscientes de l’intérêt patrimonial de leurs paysages ont choisi de les classer au titre de la loi de 1930 protégeant les monuments naturels tels que le vallon de Champagny-le-haut, le cirque des Évettes ou le vallon du Clou. Enfin, plusieurs sites sont inscrits à l’Inventaire national des patrimoines naturels, comme le glacier de Pramort ou bien le cirque glaciaire de la Glière. Ces reconnaissances institutionnelles sont un moyen de singulariser certains territoires, dans la perspective de leur préservation bien sûr, mais également de leur mise en géotourisme afin que ces biens communs puissent être découverts par tous.


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