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La saison pastorale se prépare

Général
Troupeaux Villarodin-Bourget
Villarodin-Bourget © S. Brégeon - Parc national de la Vanoise
Les troupeaux transhumants commencent à monter dans les Cévennes. Dans les Alpes, l'enneigement tardif retarde quelque peu l'estive. Les parcs nationaux préparent cette période qui s'accompagnent de plusieurs dispositifs en soutien au pastoralisme.

Dans les Parcs nationaux de haute-montagne et de moyenne montagne, l’activité pastorale revêt une importance majeure, pour son caractère économique mais également puisqu’elle contribue fortement à la préservation des habitats naturels, de la biodiversité et des paysages. Les parcs nationaux se sont forgés une réelle expérience dans l’accompagnement des éleveurs notamment pour la protection des troupeaux face au risque de prédation.

Les parcs nationaux du Mercantour, des Ecrins et des Cévennes ont organisé dernièrement plusieurs formations à destination des éléveurs et agriculteurs engagés dans les Mesures agroenvironnementales et climatiques de la PAC. Les thématiques ? Les prairies naturelles, l'irrigation gravitaire, les groupements collectifs, le retard de fauche ou encore les zones humides. Ces dernières sont des milieux fragiles particulièrement sensibles au changement climatique et qu’il convient donc de préserver de toute dégradation (piétinement, drainage, pollution). Elles jouent un rôle essentiel en tête de bassin et abritent une biodiversité unique aussi bien au niveau de la flore que des insectes.

Ces formations sont réalisées par les parcs nationaux qui sont animateurs de Projet agro-environnemental et climatique (PAEC) dans l'objectif de concilier la pratique pastorale extensive, historiquement présente sur les territoires, avec leur mission de protection de la faune et de la flore. Dans les montagnes, une grande partie de la richesse se trouve dans les alpages et les prairies qui sont aussi des milieux agricoles.

Un dispositif de bergers d'appui est mis en place à partir de juillet pour quelques mois. Les bergers d'appui prêteront main forte aux bergers si la pression de prédation est trop forte. Ces bergers peuvent apporter un soutien technique ponctuel (regroupement des animaux, soin aux brebis blessées, réfection des clôtures...) ou épauler suite à des attaques. Cet appui humain vient compléter le dispositif de protection déjà existant dans le cadre du Plan national loup, piloté localement par les préfets.

saisonniers mont aigoual
Pascal, et Elsa, saisonniers au sommet de l'Aigoual en 2023 avec Raphaël, berger transhumant. © A. Majourel - Parc national des Cévennes

Afin de sensibiliser les randonneurs, les parcs nationaux recrutent des médiateurs pastoraux. Il seront sept cette année au Parc national des Cévennes. Leur mission ? Sensibiliser les randonneurs aux comportements adaptés avec les troupeaux domestiques et une présence de chiens de protection de plus en plus importante dans les troupeaux pour limiter la prédation mais également pour assurer un lien avec les bergers pour favoriser la cohabitation entre pastoralisme et activités de pleine nature l'été en montagne. Le Parc national de la Vanoise constate :

Une part du public, néophytes en montagne ou pratiquants de nouveaux sports de pleine nature, ne dispose pas des codes de conduite à adopter sur un territoire qui est aussi le lieu de travail des bergers.

La Parc national de la Vanoise a relancé le dispositif l'été dernier avec un bilan positif. Ce type d’action est aujourd'hui reconnu et apprécié par les divers acteurs locaux (bergers, éleveurs, prestataires touristiques, touristes, habitants, élus… ) et ils contribuent à limiter les incidents entre les patous et les promeneurs.

Héliportage d'une cabane d'estive
Héliportage d'une cabane d'estive en 2017 © P. Saulay - Parc national des Ecrins

Des cabanes d'urgence sont aussi installées afin de permettre l'hébergement de bergers sur des alpages soumis à la prédation mais insuffisamment équipés. Fin juin, douze cabanes d'urgence seront héliportées dans le Parc national des Ecrins.

Revenu naturellement en France depuis l’Italie, le loup est une espèce protégée au niveau national et européen. Sa présence est attestée dans les massifs du Mercantour, des Ecrins, de la Vanoise, des Pyrénées, des Cévennes et des Calanques. Le loup est un prédateur situé en haut de la chaîne alimentaire, se nourrissant principalement d’ongulés. Sa présence est un indicateur de l'état de santé des écosystèmes. 

Cet hiver, dans le cadre du Plan national loup, les agents des parcs nationaux ont effectué des prospections sur les pistes enneigées pour rechercher des traces du loup et collecter des indices biologiques. Ils sont ensuite transmis à l'Office français de la biodiversité pour analyses génétiques. Le Parc national du Mercantour est le premier collecteur d'indices dans son département. Les agents sont aussi mobilisés pour la réalisation de constats lors d'attaques.

A la découverte de la fritillaire de Moggridge

En mai et juin, juste après la fonte de la neige, une magnifique mais discrète fleur jaune en forme de cloche pointe le bout de ses pétales dans de rares alpages d’altitudes du Mercantour ! C’est la fritillaire de Moggridge. L’espèce est classée vulnérable sur la liste rouge des espèces menacées en France et protégée au niveau régional (PACA). En Ubaye, afin d'augmenter les chances de fructification, un enclos protégeant la station la plus importante du vallon a été mis en place grâce à un ambitieux partenariat avec l'éleveur et le berger.

Enclos protégeant les fritillaires de Moggidge ©-L
Enclos protégeant les fritillaires de Moggidge © L. Martin Dhermont - Parc national du Mercantour


Pour en savoir plus

Mieux connaître les chiens de protection

Avis aux randonneurs, les alpages sont des lieux où l'on peut croiser des troupeaux et leurs chiens de protection. En cas d'approche, il existe quelques bons reflexes pour une rencontre apaisée.

En savoir plus sur les gestes à adopter